vendredi 17 juillet 2015

Réunir les deux parts de soi-même



Un côté blanc, un côté noir
Personne n’est tout moche ou tout beau
Moitié ange et moitié salaud
Et c’est ce que nous allons voir
……….
Renaud souffre de tous les maux
Qui accablent ce monde barbare
Il porte les croix sur son dos
Des injustices les plus notoires
Renard, désabusé, se marre
Se contrefout de ce bazar
Le monde peut crever bientôt
Renard s’en réjouirait plutôt
……..
C’est à cause du désespoir
Qui tombe à cinquante ans bientôt
Que le Renard, tôt ou tard
Prendra le dessus sur Renaud



(chanson de Renaud)

















Le matin je priais, je méditais
Puis à midi,  c’était cancans et caquetements
l’après-midi je faisais la sieste
Et le soir,
et bien le soir c’était griserie et le reste souvent je m’en souvenais pas.

Je me cachais… le soir.
Le matin on me donnait en exemple, on m’admirait
à midi le respect s’estompait.
Le soir je me cachais à nouveau dans mon trou je buvais, je fumais, je médisais, une vraie salope.

Il y en a qui vivent comme ça toute leur vie et à la fin c’est toujours la salope qui gagne.

Tout ça pour vous dire que si vous ne voulez pas mourir en exhibant votre côté sombre, votre Mr Hyde ou votre Renard, réconciliez-vous avec lui.

Certains, effrayés,  le répriment, le dissimule, mais il finit toujours par ressurgir tapis dans l’ombre, juste au mauvais moment, la colère contre un enfant innocent ou qui vous prive d’amis à jamais.

Mais comment s’y prendre ?
Aimer son côté lumineux, charitable c’est facile -ah que je suis admirable !  Aimer son ombre, c’est autre chose. Mais il n’y a pas moyen il faut en passer par là si vous ne voulez pas qu’il surgisse des taillis de l’inconscient au plus mauvais moment, car c’est là sa vengeance si vous êtes sourd à son  appel.



Comme dans le symbole du tai-chi, ces deux côtés peuvent être synchro,  c’est-à-dire coexister presque en même, quoique leurs manifestations ne puissent pas être simultanées.
un peu de gentil dans le méchant, un peu de maléfique  dans le serviable, c’est ainsi que  l’on peut dire «aime-toi toi-même» 

Parfois la part sombre se manifeste durant une partie de la vie où on fait tout et n’importe quoi. Ensuite, on fait son mea culpa, on enterre tout ça, ou du moins on essaie et on mène une vie de moine, d’être parfait. Mais il ne suffit pas d’enterrer son ombre. Elle est très forte et ne vous oublie jamais. Non, acceptez-la aimez-la. Après tout, c’est elle qui vous a permis d’appréhender votre bon côté.

L’ombre est là, tapie au fond de votre personnalité. Si vous lui manifestez de l’affection, elle vivra avec vous, se rira peut-être vous, mais ne pourra plus vous jouer des mauvais tours.

Longtemps j’ai eu peur de ma part d’ombre. Peur qu’elle me rattrape, qu’elle nous anéantisse toutes les deux. Elle  et moi.

Et puis un jour, je me suis penchée sur elle, je l’ai apprivoisée. Elle est devenue mon amie, mon âme soeur, mon autre moi. Je lui ai appris à aimer mon moi lumineux, à composer avec lui, à ne pas s’en moquer.

Le positif ne peut exister sans le négatif, et c'est ce qui nous rend complets, et non imparfaits.

Le fait que l'autre côté existe nous permet de choisir, c'est le cadeau de notre incarnation: le libre arbitre.

Connaître son Ombre, c’est reconnaître une partie essentielle de soi, la partie « mal aimée », refoulée. Tant que les qualités qui nous manquent sont vécues comme un "défaut de constitution » nous nous donnons de nous-mêmes une définition limitée et limitante, nous nous identifions à notre passé et conditionnons notre futur à n’être que la reproduction ou la confirmation de notre passé. Nous cherchons alors à l’extérieur ce qui pourrait nous compléter et vivons dans la dépendance de l’environnement, et dans l’attachement névrotique aux autres. La seule définition non limitante de ce que nous sommes est : "Je suis un être en devenir". La connaissance de soi est une condition de la vraie indépendance,autosuffisance et autonomie sentimentale, philosophique et économique. 

Si un jour la colère vous assaille, sachez qu'existe en vous la paix.
Imaginez un baromètre, lorsque vous êtes en colère vous partez dans un des extrêmes de la jauge: vers le côté négatif.
Alors, lors que la rage vous habite, focalisez votre attention sur son opposé: la sérénité.
Voyez et ressentez ce calme.
Après avoir posé votre attention sur cet état agréable, placez-y votre intention.
Vous voulez devenir paisible!
L'attention vous montre le chemin vers la paix, et l'intention vous mène sur ce chemin.
Penser c'est créer.
Dès qu’une émotion difficile vous traverse, trouvez son opposé, et placez-y votre attention puis votre intention.

Nous passons les premières décennies de notre vie à nous séparer de ce qui est inacceptable pour notre environnement et à l’enfouir dans notre cave personnelle, c’est ça, le formatage de l’éducation. Faire de nous des citoyens solubles dans notre société.

Nous passons les décennies suivantes à rechercher à l’extérieur de nous, et notamment dans les relations, ce dont nous nous sommes séparés très tôt et que nous avons enfoui au plus profond de nous. Et ce genre de relation ne peut que se diriger vers un échec.

Nous pouvons espérer, au crépuscule de notre vie, enfin touchés par la clémence et le discernement, accepter de descendre dans les profondeurs de notre Être pour exhumer de l’intérieur de nous-mêmes ce que nous y avons jeté très tôt et qui nous a tant manqué.

Le travail de réintégration de son Ombre est un travail de reconquête et d’apprivoisement : ni refoulement ni défoulement, ni déni, ni envahissement. Il s’agit de reconnaître, d’accueillir et de façonner une partie de nous-mêmes, la partie sombre et disqualifiée. Accueillir, c’est "donner une place pour éviter que cela prenne toute la place". Transformer l’Ombre, c’est transformer ce qui est insupportable en quelque chose qui nous supporte : ce qui était face à nous et nous empêchait d’avancer va prendre place à côté de nous, comme une nouvelle ressource sur laquelle nous allons pouvoir nous appuyer pour avancer

 Alors, avant de mourir, peut-être pourrons-nous rencontrer et aimer l’Autre, l’Autre tel qu’il est et non pas tel que nous avons besoin qu’il soit.

Autrement comme le dit Renaud :
C’est à cause du désespoir
Qui tombe à cinquante ans bientôt
Que le Renard, tôt ou tard
Prendra le dessus sur Renaud

 Florence Wenker-Martin - juillet 2015

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